Situation sociolinguistique


Situation sociolinguistique de l’amazighe


Le Maroc, à l’instar des autres pays du Maghreb, connaît une
situation sociolinguistique où le contact des langues est omniprésent.

En effet, son trait singulier est la présence de quatre langues
nationales (amazighe (Am), arabe dialectal (ADM), arabe standard (AS) et arabe marocain moderne (AMM), dont l’une est officielle (AS), et de deux langues étrangères (français et espagnol). Ces diverses langues occupent des fonctions sociolinguistiques distinctes.
L'amazighe se répartit en trois variétés régionales avec le tarifite au Nord, le tamazighte au Maroc central et au Sud-Est et le tachelhite au Sud-Ouest et dans le Haut-Atlas. Cette langue était exclusivement réservée au domaine familial ou informel entre pairs du même groupe. Près de 50% (Boukous, 1995) de la population marocaine est amazighophone, parmi lesquels trois quarts sont bilingues amazighe - arabe marocain (Youssi, 1989). Ce bilinguisme, conditionné par des facteurs socio-économiques, n’est parfois que transitionnel chez les jeunes citadins amazighophones, dont le bilinguisme arabe-amazighe débouche souvent sur un monolinguisme au profit de l’arabe dialectal. Ceci marginalise encore davantage l'amazighe qui jouit d’un statut plutôt médiocre même au sein de la communauté dont il relève (Boukous, 1981, 1995 ; Gravel, 1979).
Toutes ces langues sont, sinon réellement, du moins irtuellement présentes dans l’univers socioculturel du Marocain. Depuis peu, exactement depuis le 17 octobre 2001, un changement lié au statut de la langue amazighe a eu lieu.

Statut de la langue amazighe
Au Maroc, le processus de légitimation des langues «maternelles» et plus particulièrement de l'amazighe a débuté véritablement en 1994 avec le Discours Royal du 20 août. Le Roi Hassan II y déclare, en effet, qu’il convient d’envisager l’introduction dans les programmes scolaires de l’apprentissage des dialectes. Suite à ces premières directives royales, la Charte Nationale d’Education et Formation, élaborée en octobre 1999 dans le cadre de la réforme de l’enseignement et validée par le Roi Mohammed VI, a intégré, parmi les 19 leviers qui sont autant de propositions du changement, le levier 9 ( 115 et 116)2
relatif à l’introduction de la langue amazighe (berbère) dans
l’enseignement. Mais c’est avec le Discours Royal d’Ajdir
(Khénifra) du 17 octobre 2001 que la légitimation de la langue
amazighe est officialisée puisqu’il institue, par un dahir, la création et l’organisation de l’Institut Royal de la Culture Amazighe, concrétisant par là l’annonce de sa fondation par le Roi Mohammed VI lors du Discours du Trône du 30 juillet 2001. Cette institution est «chargée de sauvegarder, de promouvoir et de renforcer la place de notre culture amazighe dans l'espace éducatif, socioculturel et médiatique national
ainsi que dans la gestion des affaires locales et régionales (…)» (motif 8 du dahir). L’insertion de l’enseignement de la langue amazighe en septembre 2003 dans le système éducatif marocain fait suite à ces directives.


La source : initiation-langue-amazighe-1.pdf

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